Pékin veut passer du "Made in China" au "Created in China"

Le 9 novembre dernier a été inaugurée dans le bâtiment du groupe Gehua (photo) à Pékin l'Alliance International des Industries Créatives (International Creative Industries Alliance) ; une association montée par les autorités municipales de Pékin, le groupe Gehua et des partenaires anglais et américains pour renforcer le poids des industries créatives dans l'économie de la capitale chinoise.

Quelques mots sur le groupe Gehua. Créé en 1997, il est un conglomérat de plusieurs entreprises d'Etat travaillant dans le domaine culturel. Actuellement sous la tutelle du Bureau municipal des affaires culturelles, son objectif est de promouvoir les industries de l'"entertainment" à Pékin où il joue le rôle d'organisateur de grands événements culturels et sportifs et d'initiateur d'échanges avec des partenaires internationaux.

Le lancement de l'Alliance internationale des industries créatives est doublement intéressant. D'une part, il confirme au niveau local la stratégie de développement des industries créatives du 11e plan quinquennal chinois ; d'autre part, il concrétise les théories très en vogue aujourd'hui sur l'importance pour l'attractivité d'une ville de faire bonne place aux "classes créatives". Ces fameuses "classes créatives", dont le rôle a été démontré par le sociologue américain Richard Florida, semblent pour Pékin être synonymes de mondialité. "L'espace dédié à l'Alliance dans la Gehua Tower va fonctionner comme une plate-forme d'échanges internationaux autour des industries créatives. Nous sommes demandeurs de nouveaux projets venant du monde entier", nous explique Shaun Chang (photo), directrice de la communication.

A paraître The Chinese Dream, un ouvrage exploratoire sur la Chine urbaine de 2020

Architecte hollandais installé à Beijing, Neville Mars (photo) anime depuis plusieurs années un groupe de recherche liant architecture, urbanisme et design, appelé Dynamic City Foundation. Dans un ouvrage à paraître au début de l'année 2008, The Chinese Dream, il propose une contribution au débat sur la ville chinoise du futur ; un débat qui partirait de l'annonce faite au début des années 2000 par un officiel chinois de construire 400 nouvelles villes en Chine à l'horizon 2020.

Partant d'un regard très critique sur les choix architecturaux et urbanistiques actuels, il dénonce tout particulièrement l'incapacité à prendre en compte la ville chinoise telle qu'elle est véritablement et de privilégier une approche formelle construite sur les images d'une ville illusoire, plongée dans la nature et dans le règne de l'entre-soi : une ville révée (d'où le titre). Pour Neville Mars, si jusqu'à présent la Chine urbaine n'avait pas répondu aux attentes sur le plan de l'innovation, il s'agit de croire en des possibles raisonables. A ce titre, l'ouvrage présente plusieurs scénarios formels de quartiers associant les contraintes d'une urbanisation rapide à celles d'un cadre de vie acceptable. Il y a par exemple le projet "Beijing Boom Tower" (photo) qui propose un traitement à l'extrême de la densité pour répondre aux attentes des classes moyennes chinoises qui veulent "un plus grand espace de vie, une voiture et les commerces à proximité", comme l'analyse Neville Mars.

La ligne 5 du métro de Pékin

Le 7 octobre dernier, la société du métro de Pékin a ouvert la très attendue ligne 5 ; la première à traverser la ville du nord au sud. Cette réalisation confirme la poursuite d'un plan d'extension du réseau de métro relancé avec la ligne 13 (train de banlieue) au début des années 2000. Le métro pékinois qui reposait pendant toute la décennie 1990 sur deux uniques lignes (la ligne est-ouest et la ligne circulaire) s'enrichira de plusieurs lignes à l'échéance des Jeux Olympiques de l'été prochain. Une dynamique qui ne devrait pas s'arrêter là puisqu'il est prévu que le réseau ferré urbain de Pékin soit le plus important du monde à l'horizon 2020...L'équipe de Sexybeijing.tv a réalisé un reportage sur l'événement que représente l'ouverture de cette nouvelle ligne ; un événement qui marque directement la vie des Pékinois. Reste à savoir si, à termes, l'offre publique en transport infléchira une tendance à l'automobilisation, particulièrement marquée dans la capitale en comparaison d'autres villes chinoises.

Urbancamp Beijing 2007

Le 7 novembre dernier se tenait le premier Urbancamp dans les jardins de l'innovation de Orange Labs Beijing. Réunissant chercheurs, bloggueurs, patrons ou représentants de start-up, designers et architectes, cette rencontre informelle fut l'occasion d'échanger librement sur les grands bouleversements urbains en Chine et ailleurs à l'heure de l'Internet et du mobile, les formes d'appropriation de l'espace urbain facilitées par l'usage des nouveaux services en ligne, les opportunités de la géolocalisation et de la pratique du geotagging, etc.

La tenue de ce barcamp thématique à Beijing montre combien la ville chinoise consitue un cadre de référence intéressant pour les nouveaux services de télécommunications ; le développement de l'usage de l'Internet sur mobile est particulièrement prometteur en Chine. En effet, les citadins chinois, prompts à adopter de nouvelles technologies ou de nouveaux services, tendent à organiser leur quotidien de façon toujours plus flexible et plus mobile.

City8.com : visites virtuelles de villes chinoises...et d'ailleurs

City8.com est un site proposant des visites virtuelles dans plusieurs grandes villes chinoises à travers des photos interactives immersives. Grâce à des panoramas sphériques de très haute résolution, on est véritablement "immergé" à Pékin, Shanghai ou d'autres villes dans les rues desquelles on peut avancer à sa guise, s'arrêter et regarder autour de soi. "Avec une version alpha mise en ligne en juillet 2006, Ciyt8.com a devancé Google Street View", souhaite préciser Mme. He Weini, directrice marketing (photo). Le site propose plusieurs fonctionnalités, dont la possibilité de "taguer" les photos panoramiques, d'accéder à des informations localisées et de construire des itinéraires. Aujourd'hui, City8.com est dans une phase d'expansion et cherche à s'implanter dans d'autres marchés. Des négociations sont déjà bien entamées avec des partenaires au Japon. "Nous cherchons maintenant des partenaires en Europe", informe Mme. He Weini. A cette dynamique d'internationalisation s'associe également des projets de développement ambitieux de l'interface photographique, en particulier en cherchant à la caler sur un référencement géographique.

"Urban China" entre dans le Web 2.0

La revue Urban China travaille en ce moment au développement de son nouveau site Web qui devrait fonctionner comme une plateforme interactive, nous explique Han Yan (photo), éditrice. Les utilisateurs auraient en effet la possibilité d'accéder à l'importante base de données photographique de la revue ainsi qu'à d'autres éléments de documentation ; de plus, ils pourraient produire leur propre contenu qui serait éventuellement publié. Cette entrée rapide et ambitieuse dans l'univers du Web 2.0 participe bien entendu d'une stratégie de multiplier les supports médiatiques pour toucher une plus large audience. Elle peut également être comprise comme le prolongement naturel d'une ambition initiale pour la revue : jouer le rôle de catalyseur ou de porte-voix pour des regards singuliers qui, liés les uns aux autres, participent sans aucun doute d'une dynamique collective de ré-appropriation de la ville.

Shanghai Expo 2010 : les concepts des pavillons thématiques

L'Expo 2010 est aujourd'hui entrée dans une nouvelle phase : donner corps au slogan qui depuis plusieurs années cherche à capter l'attention du monde sur les enjeux urbains, Better city, better life. "Il nous faut maintenant traiter le sujet", lance Mme. Mao Zhuchen (photo), directrice adjointe pour le développement thématique. L'appel à candidature pour les pavillons à thème est déjà lancé ; des concepts clés ont été identifiés pour canaliser les propositions pour les cinq pavillons : Urbanian, City Being, Urban Planet, Urban Civilization, Dream. Cinq concepts pour interroger l'urbanité contemporaine.

Pour Mme. Mao Zhuchen, l'enjeu est de sensibiliser l'opinion publique chinoise aux problématiques de la vie en ville, en particulier depuis que le projet politique chinois confirme son engagement pour "la société harmonieuse". Pour ce faire, une campagne de communication sera mise en place pour publier une série de documents à distribuer largement (la revue Urban China a déjà apporté sa contribution...). La cible prioritaire : la presse spécialisée.

Le Zendai MOMA, un musée dans la ville

En 2008, le Musée Zendai d’art contemporain (Zendai MOMA) propose d’organiser dans les espaces publics de la ville de Shanghai un événement artistique chaque jour de l’année ; ce projet, simplement intitulé « Art et vie 366 » - 366 étant le nombre de jours que compte 2008 – sera l’occasion de sensibiliser le grand public à l’art contemporain, comme nous l’explique le directeur du Musée, M. Shen Qibin (photo).

Le Musée Zendai cherche certainement là un moyen de se faire de la publicité. Fondé par la célèbre société de promotion immobilière privée, Zendai, le musée est quelque peu pénalisé par une localisation excentrée à Pudong. Paradoxalement, il est situé au cœur d’un quartier nouveau composé essentiellement de cols blancs et d’expatriés ; « une clientèle potentielle théorique de 300 000 habitants », aime à répéter M. Shen Qibin.

L’initiative du Zendai MOMA est d’autant plus intéressante qu’elle soulève la place de l’art et des lieux de la création artistique à Shanghai, et plus globalement dans les villes chinoises. Aujourd’hui, il est apparent que l’art contemporain ne touche qu’un public minoritaire, essentiellement composé de l’élite artistique chinoise et d’expatriés. Depuis que la municipalité de Shanghai a décidé d’officialiser les friches industrielles converties en lieux de production artistique, l’art contemporain est à la fois plus visible – parce qu’il possède « ses » lieux vitrines – et plus mercantile – parce qu’il s’inscrit dans une secteur d’activité ouvertement économique avec le soutien des pouvoirs publics.