27 janvier 2009

Les écopartenariats entre des villes américaines et chinoises




A l’instar de la France, le gouvernement américain a lancé un programme de coopération dit «volontaire» avec la Chine dans le domaine de l’environnement. Ce programme, mené par le département du Trésor, comprend un volet que l’on pourrait qualifier de coopération décentralisée – pour reprendre la terminologie française – qui vise à unir des villes américaines avec des villes chinoises présentant des problématiques communes en matière de développement durable.

Il existe au total 7 écopartenariats (ecopartnerships) dont 4 relèvent véritablement de la coopération décentralisée :
- Denver (Colorado) avec Chongqing sur les voitures électriques
- Greensburg (Kanzas) et Mianzhu (Sichuan) sur la reconstruction après une catastrophe naturelle
- Le port de Seattle (Washington) et le port de Dalian (Liaoning) sur les ports durables
- Wichita (Kanzas) et Wuxi (Jiangsu) sur les technologies pour le traitement de l’eau et de l’air

Ces rapprochements, initiés rappelons-le par le gouvernement américain dans le cadre des Dialogues de stratégie économiques entre les USA et la Chine il y a quelques mois, n’en sont qu’à leurs balbutiements ; les partenaires ont tout juste fait connaissance et doivent encore apprendre à se connaître. M. Robert Dixson, le maire de Greensburg, que nous avons contacté, a passé une semaine dans la zone du Sichuan dévasté par le séisme ; il a été frappé, à Mianzhu, par les nombreuses initiatives souvent innovantes engagées pour la reconstruction. Il a également été fortement ému par les conséquences de ce désastre qui lui a rappelé celui qui a causé la destruction de sa ville à 95% après le passage d’un ouragan particulièrement violent en mai 2007.

Ces écopartenariats ont pour ambition d’identifier de bonnes pratiques qui pourraient être généralisées : le gouvernement américain se dit prêt en effet à extraire de ces échanges des éléments qui pourraient aider à façonner une politique nationale en matière de développement urbain durable. Pour M. Dixson, qui ressent la forte sensibilité de ses partenaires à la protection de l’environnement, il s’agit de « de se rencontrer et d’avoir un vrai dialogue sur les thématiques du développement durable ». Il attend maintenant l’arrivée d’une délégation de Mianzhu au printemps pour discuter de la façon de profiter de l’opportunité de la reconstruction pour bâtir une « ville verte »…

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10 janvier 2009

Inauguration de RMB City de Cao Fei


Depuis quelques heures, la quintessence de la ville chinoise se trouve sur Second Life ; une quintessence au sens artistique, créatif, culturel…L’artiste multimédia, Cao Fei (alias China Tracy), vient d’inaugurer RMB City, cette ville numérique, à la suite d’un processus « d’urbanisation en ligne », comme elle le qualifie elle-même, qui aura duré près d’un an. Bâtie par addition de symboles ostentatoires de la métropole chinoise d’aujourd’hui (stade des Jeux Olympiques, tour de la TV à Shanghai, cité interdite, etc.), RMB City cherche à condenser des représentations, parfois contradictoires et souvent hétéroclites, qui donnent aux villes chinoises toute leur saveur et attirent ceux, créatifs de tous pays, qui cherchent l’émulation nécessaire.

Dans cette nouvelle ville, Cao Fei propose des espaces à ceux qui souhaitent présenter des expositions ou organiser des événements. Véritable projet artistique ou opportunisme ? Il y a certainement un peu des deux dans RMB City (RMB n’est-il l’appellation officielle de la monnaie chinoise ?) imaginée par cette artiste à l’air boudeur habituée à s’amuser à déconstruire – et reconstruire – l’image de son pays de plus en plus intégré dans le monde (rappelons que Cao Fei est cantonaise…). On se souvient, par exemple, de « Whose Utopia », ce film que Cao Fei a produit en s’immergeant dans une usine de fabrication d’ampoules partenaire d’un grand groupe multinational dans la province du Guangdong et qui, d’une certaine façon, se présente comme une critique de la déshumanisation des conditions de travail – et de vie – dans l’usine du monde. Comme l’artiste a réussi dans cette œuvre à extraire le potentiel créatif des ouvriers de l’usine, elle réussira certainement, avec RMB City, à convaincre de l’importance de la ville chinoise comme espace essentiel de la création d’aujourd’hui.

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02 janvier 2009

2008 : le modèle urbain chinois est-il vertueux ?


L'année 2008 aura été l'année du sacre de la politique urbaine de la Chine : succès des Jeux Olympiques de Pékin, prix ONU-Habitat décerné à trois villes du Jiangsu lors du Forum urbain mondial à Nankin, un rapport élogieux de la Banque mondiale, etc. Les 30 dernières années de réformes auraient-elles réussi à enclencher un processus d'urbanisation suffisamment équilibré pour éviter les affres de l'embolie urbaine ? Les villes chinoises sont-elles suffisamment solides économiquement pour affronter l'afflux de migrants venus des campagnes pauvres ? Les modes de la gouvernance urbaine sont-ils assez complexes pour assumer les contradictions d'une "économie socialiste de marché" ?

Le rapport de la Banque mondiale, China Urbanizes, sorti début 2008, semble répondre positivement à ces questions. La réussite du modèle urbain chinois réside dans sa capacité à dynamiser l'économie urbaine pour absorber l'afflux nouveau de main d'oeuvre en s'appuyant sur des investissements conséquents dans les services urbains, dont le logement. Pour ses auteurs, la Chine a réussi ce qu'aucun autre Etat en développement n'a pu réussir : urbaniser la population sans donner prise au développement de l'informel (habitat, économie, etc.).

Certes, le modèle de croissance chinois d'inspiration libérale suit une recette plutôt réussie : concentration des activités économiques dans les principales métropoles côtières, création de richesses importante permettant l'intégration d'une population toujours plus nombreuses à la recherche d'un meilleur revenu, stimulation d'une offre de services de la part d'acteurs attirés par la forte rentabilité des opérations urbaines, etc. En bref, la croissance économique plus ou moins dirigée par le pouvoir politique transforme les villes en espaces d'opportunités. Il s'agit bien d'un modèle de croissance qui semble s'auto-entretenir. Mais peut-on parler d'un modèle de développement ? Ici, les évidences semblent s'effondrer : s'il y a effectivement croissance économique et amélioration mécanique des conditions de vie, on ne saurait que trop insister sur l'absence d'un système de protection sociale qui place de nombreux citadins - et les travailleurs migrants des campagnes en particulier - dans une situation instable. De plus, la stimulation de l'offre en services urbains repose bien souvent sur des comportements spéculatifs, tout particulièrement dans le domaine foncier et immobilier qui ne semblent pas toujours répondre aux attentes réelles des populations et aux exigences d'un urbanisme durable.

Les plus optimistes font le pari que le gouvernement chinois réussira à mettre en place les modes de régulation nécessaire pour favoriser un véritable modèle urbain "harmonieux" ; ce n'est qu'une question de temps. Des signes semblent avoir été donnés en 2008 : la réforme du système du hukou qui facilite l’établissement d’un document temporaire aux travailleurs migrants leur permettant l’accès à une prise en charge locale de certains services sociaux, la mise en application de la Loi sur l’aménagement urbain et rural qui devrait assurer une meilleure gestion des espaces urbains, etc. Les plus pessimistes voient déjà dans les manques de la politique sociale, économique et environnementale le talon d'Achille d'un modèle de croissance qui succombera à un affaiblissement trop important de la dynamique de croissance elle-même...La façon dont la Chine gérera les retombées de la crise économique mondiale attirera certainement toute notre attention en 2009.

BONNE ANNEE A TOUS
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