22 avril 2009

La mode du "Vélib" dans les métropoles chinoises : la renaissance du vélo

Après des tatônnements incertains au début des années 2000, la location de vélos en ville prend aujourd'hui son envol en Chine, comme le montre un rapport d'intelligence économique sorti ce mois-ci.

Soucieux d'affirmer son intérêt pour ce qu'il est convenu d'appeler aujourd'hui en Chine la "mobilité verte" (lüse chuxing), le gouvernement de Pékin a suscité de nombreuses initiatives privées pour la mise en place de services de location de vélo au moment où il décidait d'imposer une circulation automobile alternée à l'occasion de la préparation des Jeux Olympiques. Certaines initiatives se limitent à la desserte d'un quartier, comme celui de l'université Tsinghua, avec la nécessité de rendre le vélo au même endroit.

D'autres sont plus ambitieuses. C'est le cas de la société Fortune Bicycle qui a lancé son service en juillet 2008, peu avant les Jeux Olympiques, en établissant d'emblée un réseau de points de locations. Un représentant de la société que nous avons contacté affirme qu'aujourd'hui Fortune Bicycle gère 25 000 véhicules et plus de 1 000 points de locations dans la ville (voir photo). La carte des points de location, qui fait aujourd'hui cruellement défaut, devrait bientôt voir le jour.


Plus avancée que Pékin, et peut-être la nouvelle figure de prou du vélo en libre-service en Chine, la ville de Hangzhou continue d'étendre son service qui ressemble à s'y méprendre à celui conçu par la filiale de JC Decaux, Cyclocity, pour les villes françaises. Ce système quasi gratuit, géré par les autorités municipales et intégré à l'offre publique en transport en commun - on réserve son véhicule avec sa carte de transport - fêtera son premier anniversaire début mai. Sur le modèle du Vélib parisien, une carte en mashup permet de localiser les stations (voir ci-dessous).


Alors que la fin des années 1990 avait été marquée par la mise à mort du vélo comme mode de transport quotidien, la fin des années 2000 le voit renaître de ses cendres. Dix ans seulement pour une renaissance...Combien dans les métropoles de la vieille Europe ?

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08 avril 2009

Crise économique mondiale en Chine : la réponse par les villes

La crise économique mondiale a profondément touché la Chine (le taux de croissance est descendu sous la barre des 9%) ; à travers son plan de soutien à la croissance (environ 460 milliards d’euros), le gouvernement chinois a décidé de confirmer le tournant stratégique qui depuis quelques années est en train de refaçonner la structure économique du pays et de confirmer la montée en valeur des fonctions urbaines…



La crise économique en Chine est avant tout la crise d’un modèle de croissance…ou de développement

La Chine s’est affirmée comme puissance économique en valorisant le faible coût de sa main d’œuvre. Devenue « l’atelier du monde », elle a réussi à accumuler plusieurs succès : un taux de croissance à deux chiffres ; la première destination des Investissements directs étrangers (IDE) dans les pays en développement (essentiellement les unités de production délocalisées des multinationales) ; la deuxième place comme puissance exportatrice (les exportations représentent plus d’un tiers du PIB chinois) ; l’une des principales réserves de devises au monde (plus de 1 200 milliards de dollars d’actifs) ; une augmentation rapide du revenu par tête, etc. Ces éléments du succès économique chinois ont rapidement trouvé leurs limites : un taux de croissance relativement modeste face aux besoins en termes d’emploi, une structure industrielle relativement peu performante, une attractivité des IDE relativement faible par rapport à la population totale, des inégalités socioéconomiques croissantes, etc. La crise a révélé ces failles, elle a aussi permis de pointer les mutations en cours qui s’opèrent en faveur d’une nouvelle économie urbaine.


Mutation 1 – La métropolisation des activités économiques ou la consolidation des « régions gagnantes » en Chine

Le plan de relance chinois qui mise en partie sur des investissements publics dans les infrastructures (en particulier, de transport) poursuit une tendance remarquée dès les années 1990 comme un des piliers du succès du modèle d’urbanisation chinois. Les métropoles, mieux équipées, deviennent plus attractives offrant de nombreuses externalités positives aux entreprises du monde entier. D’importantes régions urbaines dynamiques émergent qui vont peser de plus en plus dans les réseaux productifs mondiaux ; chacune concentrera et la population (plusieurs dizaines de millions d’habitants chacune) et le capital : le delta de la rivière des Perles, Shanghai et le delta du Changjiang, la conurbation Pékin-Tianjin, etc., pour ne citer que les plus importantes. Le poids croissant de ces régions urbaines marque également le creusement du fossé entre l’est et l’ouest du pays et entre la ville et la campagne. S’achemine-t-on vers un schéma territorial « d’archipel » constitué d’espaces métropolitains séparés par des espaces peu dynamiques, un « désert chinois » en quelque sorte ?


Mutation 2 – Du « made in China » au « created in China » ou comment la Chine fait son entrée dans l’économie de la connaissance

La Chine, lasse de son image « d’atelier du monde », souhaite remonter la chaîne de la valeur ajoutée en misant sur les nouvelles technologies, la recherche et les industries créatives. Une amélioration globale de la qualité de l’éducation, en particulier dans le supérieur, a pour conséquence une meilleure qualification de la main d’œuvre chinoise. Des investissements colossaux accordés à des programmes de recherche dans les nouvelles technologies – dans le véhicule électrique par exemple – devraient permettre à la Chine de se positionner comme leader mondial. Le dynamisme des industries créatives en Chine transforme les métropoles chinoises en de nouveaux lieux de l’innovation et de la création amenés à compter dans le monde de demain. Les villes chinoises sont-t-elles en passe de devenir les Berlin, Paris, Milan ou San Francisco du 21e siècle ?


Mutation 3 – Le nouveau « nouveau contrat social » ou comment la Chine souhaite stimuler la croissance par la consommation intérieure

La Chine cherche aujourd’hui à soutenir sa croissance économique par la consommation intérieure. Cet exercice n’est pas aussi évident que cela : d’une part les Chinois restent d’importants épargnants, d’autre part l’augmentation moyenne des revenus reste plombée par la croissances des inégalités sociales et par un chômage qui s’installe avec la crise. Plus que jamais, le gouvernement chinois se voit obligé de renforcer ses outils de régulation socioéconomique afin de créer un climat de confiance chez les classes moyennes et de donner du pouvoir d’achat aux populations les plus modestes. Certains y voient un nouveau « nouveau contrat social » - une version revisitée du « nouveau contrat social de l’ère denguiste - fondé sur une plus grande latitude accordée à la société civile et à l’initiative privée, sur l’affirmation de la notion de qualité de vie et sur la mise en place de véritables politiques sociales. Les villes chinoises deviendront-elles - enfin - des villes apaisées socialement ?


Mutation 4 – L’internationalisation du capital chinois ou comment la Chine s’impose en tant que puissance économique à travers le monde

En tête des pays émergents, la Chine confirme depuis le début des années 2000 sa stratégie d’internationalisation financière. De réceptacle d’IDE, la Chine en devient un émetteur de premier plan. Les multinationales chinoises, comme Lenovo, commencent à jouer dans la cour des grands ; l’Etat chinois a compris le poids que peuvent peser ses fonds souverains ; les stratégies d’entreprises et de gouvernement combinées assurent une très forte présence à l’étranger, comme en Afrique où la Chine s’assure son approvisionnement en matières premières, en particulier le pétrole. Cette présence croissante à travers le monde pousse l’Etat chinois a demander une meilleure représentativité dans les instances économiques et politiques internationales. Les métropoles chinoises sont-elle en train d’attraper le train des « villes mondiales » en devenant de nouveaux points d’impulsion d’activités économiques et financières mondialisées ?

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