26 mars 2010

Comment les Chinois vont s'approprier la voiture ?

China Daily, 2008


Ca y est, la Chine est entrée dans la phase de démocratisation de l'automobile ! Jusqu'à présent l'automobile était tâtonnante, limitée à certains groupes ou certains usages, cantonnée aux plus grandes villes ; maintenant, elle se généralise, se diffuse, se complexifie, s'affine. Expression symbolique s'il en est de ce grand tournant : le marché chinois de l'automobile a dépassé il y a quelques mois celui des Etats-Unis pour se placer en première position mondiale.

Les projections officielles tablent sur une croissance annuelle du parc de 9,5%, rythme qui conduirait à un volume de véhicules compris entre 134 et 145 millions à l’horizon 2020. La façon dont les consommateurs chinois se positionneront sera bien entendu décisive. Pour le moment, leurs attentes sont souvent précises et rendent compte le plus souvent d’une position sociale. Toutefois, il est frappant de constater qu’une partie des propriétaires de voitures sont d’ores et déjà dans une démarche de renouvellement avec des situations de bimotorisation chez certains ménages. Une bimotorisation qui rend compte le plus souvent de logiques d’usage et de produit complémentaires : la voiture pour monsieur/la voiture pour madame, la voiture pour les affaires/la voiture pour la famille, la voiture pour la ville/la voiture pour les sorties de week-end, etc.

Les aides de l’Etat chinois pour l’achat de petites cylindrées ou de petits vans utilitaires dans les campagnes constituent des stimuli qui jouent comme un accélérateur, voire un déclencheur. Il est évident que la question de l’individualisation de l’automobile va se poser assez vite : une automobile qui reflète les goûts et les aspirations de son propriétaire et qui lui est presque charnellement attachée. Alors la voiture en Chine, nouvelle expression de la propriété inaliénable, de l’expression des libertés individuelles, du chacun pour soi, dans la continuité d’une culture de l’automobile qui prend racine dans la société de consommation à l’américaine ? La construction progressive du marché automobile, encore difficile à saisir, ne permet pas encore de répondre aux inflexions par rapport au modèle. Toutefois, il pourrait être intéressant de révéler l’importance du covoiturage (pinche, en chinois), qu’on désigne en Chine déjà comme le « quatrième mode de transport ». Plusieurs millions de personnes, essentiellement des citadins cols-blancs, sont inscrits sur les nombreux sites de mise en relation pour partager sa voiture. Le plus importants d’entre eux, Chexing.net, compte plus de 8 millions d’inscrits. On comprend en interrogeant les usagers de cette pratique que le covoiturage, en plus de permettre de se déplacer au quotidien, est un vecteur important de sociabilité.

Il faut bien être conscient que ce qui va se jouer dans les 5, 10, voire 15 prochaines années va être déterminant pour définir ce qui sera, à terme, l'automobile à la chinoise. Vers quel scénario d'automobilisation s'achemine-t-on ? un scénario à l'américaine ? à l'européenne ? à la japonaise ou bien un scénario qui serait spécifiquement chinois ?

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