02 janvier 2009

2008 : le modèle urbain chinois est-il vertueux ?


L'année 2008 aura été l'année du sacre de la politique urbaine de la Chine : succès des Jeux Olympiques de Pékin, prix ONU-Habitat décerné à trois villes du Jiangsu lors du Forum urbain mondial à Nankin, un rapport élogieux de la Banque mondiale, etc. Les 30 dernières années de réformes auraient-elles réussi à enclencher un processus d'urbanisation suffisamment équilibré pour éviter les affres de l'embolie urbaine ? Les villes chinoises sont-elles suffisamment solides économiquement pour affronter l'afflux de migrants venus des campagnes pauvres ? Les modes de la gouvernance urbaine sont-ils assez complexes pour assumer les contradictions d'une "économie socialiste de marché" ?

Le rapport de la Banque mondiale, China Urbanizes, sorti début 2008, semble répondre positivement à ces questions. La réussite du modèle urbain chinois réside dans sa capacité à dynamiser l'économie urbaine pour absorber l'afflux nouveau de main d'oeuvre en s'appuyant sur des investissements conséquents dans les services urbains, dont le logement. Pour ses auteurs, la Chine a réussi ce qu'aucun autre Etat en développement n'a pu réussir : urbaniser la population sans donner prise au développement de l'informel (habitat, économie, etc.).

Certes, le modèle de croissance chinois d'inspiration libérale suit une recette plutôt réussie : concentration des activités économiques dans les principales métropoles côtières, création de richesses importante permettant l'intégration d'une population toujours plus nombreuses à la recherche d'un meilleur revenu, stimulation d'une offre de services de la part d'acteurs attirés par la forte rentabilité des opérations urbaines, etc. En bref, la croissance économique plus ou moins dirigée par le pouvoir politique transforme les villes en espaces d'opportunités. Il s'agit bien d'un modèle de croissance qui semble s'auto-entretenir. Mais peut-on parler d'un modèle de développement ? Ici, les évidences semblent s'effondrer : s'il y a effectivement croissance économique et amélioration mécanique des conditions de vie, on ne saurait que trop insister sur l'absence d'un système de protection sociale qui place de nombreux citadins - et les travailleurs migrants des campagnes en particulier - dans une situation instable. De plus, la stimulation de l'offre en services urbains repose bien souvent sur des comportements spéculatifs, tout particulièrement dans le domaine foncier et immobilier qui ne semblent pas toujours répondre aux attentes réelles des populations et aux exigences d'un urbanisme durable.

Les plus optimistes font le pari que le gouvernement chinois réussira à mettre en place les modes de régulation nécessaire pour favoriser un véritable modèle urbain "harmonieux" ; ce n'est qu'une question de temps. Des signes semblent avoir été donnés en 2008 : la réforme du système du hukou qui facilite l’établissement d’un document temporaire aux travailleurs migrants leur permettant l’accès à une prise en charge locale de certains services sociaux, la mise en application de la Loi sur l’aménagement urbain et rural qui devrait assurer une meilleure gestion des espaces urbains, etc. Les plus pessimistes voient déjà dans les manques de la politique sociale, économique et environnementale le talon d'Achille d'un modèle de croissance qui succombera à un affaiblissement trop important de la dynamique de croissance elle-même...La façon dont la Chine gérera les retombées de la crise économique mondiale attirera certainement toute notre attention en 2009.

BONNE ANNEE A TOUS
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